Cinq mythes sur la barge, la solution de transport intérieur dont personne ne parle

Stacked cargo containers on large barge on the Rhine River

Par David Schulingkamp, Vice-président, Services de barge

Le mot est passé. Les acheteurs ont été avertis. Le temps des achats pour les Fêtes est arrivé.

Les chaînes d’approvisionnement mondiales sont dans l’impasse. Les plus grands ports d’Amérique sont engorgés. La durée moyenne de transit des marchandises traversant le Pacifique est de 80 jours (le double de la période prépandémique). Les produits du commerce électronique sont souvent en rupture de stock. Les terminaux ferroviaires sont congestionnés et peinent à acheminer les importations. La capacité de transport terrestre en chargement complet et en chargement partiel est pratiquement inexistante. Les camionneurs sont en nombre insuffisant. Les marchandises de faible valeur sont expédiées depuis l’étranger par fret aérien à coût élevé. Les grands détaillants ont même eu recours à l’affrètement de cargos très couteux.

Pour la plupart des entreprises, la situation actuelle semble intenable. Et c’est le cas. Néanmoins, les détaillants continuent de tout mettre en œuvre pour être en mesure de répondre à la demande croissante des consommateurs. Mais il y a une méthode de transport qui semble constamment négligée : la barge.

Pour les détaillants qui transportent des marchandises à travers les États-Unis, l’un des modes de transport les plus sous-utilisés est la voie navigable intérieure. En fait, l’Amérique compte plus de 12 000 milles (19 000 km) de voies navigables et 13 000 milles (21 000 km) de canaux côtiers qui sont idéaux pour le transport de toutes sortes de marchandises. L’autoroute maritime couvre 38 États (dont 16 capitales d’État), mais est surtout reléguée à la zone s’étendant du Midwest au Sud profond (de la frontière canadienne du Michigan à La Nouvelle-Orléans et jusqu’à Brownsville, au Texas, le long de la frontière mexicaine). Les trois quarts se trouvent dans le réseau hydrographique du Mississippi.

Malgré leur grande portée, les voies navigables intérieures, telles que les Grands Lacs, les rivières et les routes côtières, sont rarement prises en compte pour le transport intérieur, créant une capacité inutilisée qui serait très précieuse pour les expéditeurs étant donné l’engorgement des autres modes de transport. De plus, une plus grande utilisation du service de barge permettrait de libérer des ressources sur les autoroutes américaines, car un seul remorquage de 15 barges peut transporter l’équivalent de plus de 1 000 chargements complets. Les avantages environnementaux sont également importants. Une barge génère les mêmes émissions que celles du transport ferroviaire, et donc une fraction de celles générées par la circulation routière.

Le Département des Transports des États-Unis s’emploie à revitaliser le réseau des voies navigables depuis 2010, en collaborant avec les terminaux ferroviaires et les ports, afin de garantir un transfert fluide des marchandises. Malgré les améliorations et le besoin désespéré de modes de transport alternatifs face à la congestion partout ailleurs, l’utilisation des services de barges suscite peu d’intérêt, principalement en raison de perceptions erronées.

Profitons de cette occasion pour dissiper certains mythes.

Mythe no 1 : L’utilisation de voies navigables est une forme de transport désuète.

Réalité : Bien que les voies navigables soient antérieures aux autoroutes en tant que voies de transport, elles ont été largement utilisées pour le transport, même après la construction du réseau routier entre les États. En effet, 608 millions de tonnes de marchandises ont été transportées par les voies navigables intérieures en 2018, permettant le déplacement de 232 milliards de dollars sur le plan du commerce.

Mythe no 2 : Le déplacement de marchandises par voie navigable intérieure est beaucoup plus lent que par la route.

Réalité : Il est vrai que le transport de marchandises par barge est considérablement plus lent que par train ou camion, mais dans l’environnement actuel où les cours de triage sont encombrées de conteneurs et où la pénurie de chauffeurs réduit la capacité de camionnage, l’accessibilité de la barge crée un contraste net et neutre en ce qui concerne le temps de transit. De plus, la vitesse plus lente de la barge signifie qu’elle est moins chère, ce qui est idéal pour l’expédition de marchandises qui ne sont pas urgentes.

Mythe no 3 : Les voies navigables intérieures ne peuvent être utilisées que pour des matières organiques ou non nocives.

Réalité : Les barges transportent souvent du pétrole et des produits pétroliers, des engrais, des produits chimiques et du charbon, ainsi que des métaux, tels que l’acier et le minerai. Cependant, les marchandises agricoles sont souvent transportées par barge également.

Mythe no 4 : Les voies navigables intérieures sont strictement destinées au déplacement de marchandises aux États-Unis.

Réalité :Les voies navigables intérieures américaines sont indirectement reliées aux ports maritimes essentiels à partir desquels les marchandises sont exportées vers les marchés internationaux. De même, les marchandises importées peuvent être transportées à l’intérieur des terres en utilisant le système de voies navigables. Les marchandises américaines expédiées par autoroute maritime peuvent aussi se rendre au Canada en empruntant les routes côtières ou en traversant les Grands Lacs.

Mythe no 5 : Le transport par barge ne peut pas faire partie du transport intermodal.

Réalité : Le transport de la barge au train et de la barge au camion (et vice versa) est une forme courante de transport intermodal intérieur utilisée par plusieurs industries aux États-Unis. Le concept de barges porte-conteneurs est également envisagé afin que les barges puissent un jour se connecter directement aux terminaux à conteneurs des ports maritimes.

De nombreuses considérations entrent en jeu lors de l’utilisation de la barge plutôt que le train ou le camion, notamment le temps de transit, le coût, le volume d’expédition et la destination. Bien qu’il puisse sembler plus facile d’utiliser le train ou le camion, la barge ne devrait pas être négligée, surtout lorsque les temps de transit ou d’attente pour le transport terrestre sont considérablement longs. Le résultat final peut être une solution gagnante en matière d’économies de coûts et de gain de temps, ce qui se traduit par une amélioration du service à la clientèle, une meilleure compétitivité sur le marché et des relations plus solides avec les partenaires de la chaîne d’approvisionnement.

David Schulingkamp possède plus de 35 ans d’expérience dans le domaine du fret international, du courtage en douane et de la logistique mondiale. Il supervise tous les aspects des activités de barge de Livingston aux États-Unis et a auparavant dirigé plusieurs entreprises de logistique dans la région de la côte du Golfe des Étas-Unis.