Le suivi de la productivité portuaire serait peu coûteux

L’idée d’un suivi de la productivité portuaire normalisée est ressortie des négociations collectives prolongées sur la côte Ouest qui ont affaibli la production. Si le concept devient réalité, il n’en coûterait pas beaucoup aux ports, semble-t-il.

Les négociations interminables entre la Pacific Maritime Association (PMA) et l’International Longshore and Warehouse Union (ILWU) se sont faites au détriment de la productivité des ports de la côte Ouest et ont nui au commerce partout aux États-Unis. Certains membres du Congrès espèrent que la prochaine fois que s’amorceront des négociations entre un groupe d’expéditeurs et un syndicat, ils auront une meilleure compréhension des opérations d’un port. Voilà pourquoi le sénateur républicain du Dakota du Sud, John Thune, a présenté un projet de loi qui obligerait les ports à faire un suivi de la productivité. Même si le projet a été échaudé ces derniers mois, il contribuerait à générer des renseignements fort utiles.

Il serait relativement abordable de recueillir des données sur la productivité portuaire
L’allégation selon laquelle le suivi de la productivité dans les 25 principaux ports du pays coûterait trop cher a été atténuée par les données compilées par le Congressional Budget Office des États-Unis (CBO), qui a établi que le coût à assumer pour chaque port « serait minime ». Sur quatre ans, la collecte de statistiques sur la productivité coûterait 9 millions de dollars au port, soit environ 2,25 millions de dollars par année. Certaines des mesures qui deviendraient obligatoires, si le projet de loi devait être adopté, sont déjà recueillies par les ports, ce qui atténuerait les répercussions financières de la mise en oeuvre de politiques de collecte de données.

Le projet de loi, qui a reçu l’approbation du Sénat en août dernier, donnerait un mandat au directeur du Bureau of Transportation Statistics des États-Unis (BTS) pour mettre en oeuvre un programme de statistiques de rendement qui ferait rapport annuellement au Congrès et présenterait des mesures sur le rendement et la capacité des principaux ports aux États-Unis. Les autorités portuaires qui exercent leurs activités sous le régime fédéral ou qui reçoivent de l’aide du fédéral devraient remettre chaque année un rapport au BTS.

La principale disposition de la loi intitulée Port Performance Act a été éliminée
Une partie importante de la loi – intitulée ch. 1298 ou Port Performance Act – a cependant été éliminée par les politiciens en juillet, avec l’appui des syndicats, indique le Journal of Commerce (JOC). Au départ, le projet de loi coparrainé par le sénateur Thune contenait une disposition qui aurait exigé la production de rapports sur le rendement des ports, avant et après l’expiration des conventions collectives maritimes. Cette disposition aurait aidé le Congrès et les ports à déterminer si les négociations entre les autorités et les syndicats nuisent à la productivité portuaire.

Cette partie du projet de loi était importante en raison de la croyance répandue selon laquelle les négociations entre la PMA et l’ILWU aient eu un effet dévastateur dans les ports le long de la côte Ouest. Les retards occasionnés par les négociations longues et difficiles représentaient l’une des raisons de la léthargie historique rencontrée par les complexes maritimes du Pacifique durant la dernière partie des négociations, qui s’est échelonnée de mai 2014 à février 2015. Toutefois, les rapports sur la productivité, une disposition appuyée par les expéditeurs, ne font plus partie du projet de loi.

« L’appui des expéditeurs est l’élément qui a motivé le projet de loi du sénateur Thune », explique Paul Bea, un directeur de PHB Public Affairs, une société d’experts-conseils maritimes, affirme le JOC.

Les données recueillies auraient aidé les expéditeurs à naviguer dans le processus de négociation qui, par nature, peut devenir litigieux. Mais des groupes comme la American Federation of Labor et le Congress of Industrial Organizations (AFL-CIO) ont énoncé que les rapports sur la productivité auraient contribué à politiser la collecte de données et à affaiblir les positions des syndicats dans les négociations.

La Port Performance Act pourrait s’avérer utile pour la planification des politiques
Cependant, même en l’absence de rapports sur la productivité avant et après les négociations, les données que le projet de loi fournirait au gouvernement pourraient s’avérer utiles pour l’élaboration des politiques futures. Si les expéditeurs sont déçus du développement concernant le projet de loi, le Department of Transportation des États-Unis (DOT) a encore bien des aspects à considérer, note le JOC.

Si le coût ne représente pas un obstacle selon le CBO, il subsiste toujours des points d’interrogation entourant la mise en oeuvre, advenant l’adoption du projet de loi. Par exemple, la normalisation des données sur le rendement des ports pourrait s’avérer difficile au départ, explique l’organe de presse. Toutefois, si la loi est adoptée et que les données fournies par les 25 ports sont harmonisées, la Port Performance Act pourrait jeter les bases des futures décisions politiques du DOT.