WikiLeaks offre une récompense pour le contenu du TTIP

Un grand secret règne autour des controversées négociations du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), mais cela pourrait bientôt changer. En effet, grâce au financement participatif, WikiLeaks offre une récompense pour toute fuite concernant cet accord.

L’opposition à l’énigmatique TTIP inspire l’offre de récompense de WikiLeaks
Déclarant que le TTIP est « le secret le plus convoité d’Europe », le site de fuites annonçait le 11 août dernier son intention de réunir une somme de 100 000 € (111 000 $ US) à remettre à quiconque peut lui révéler tous les détails du contenu d’un éventuel accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Europe. Entamé en 2013, le processus de négociation a connu bon nombre de reculs et a fait l’objet de protestations de plusieurs groupes de militants.

Le 12 août, le magazine Wired annonçait que WikiLeaks avait réuni des dons de 44 871 $ US provenant de 1 067 particuliers, dont des politiciens, des philosophes, des journalistes et des créateurs de mode. Le même jour, le site Vice signalait un total d’environ 61 300 $ US. Au nombre des donateurs, on compte le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, la designer britannique Vivienne Westwood et Daniel Ellsberg, lui qui avait divulgué des documents ultrasecrets pendant la guerre du Vietnam.

Le TTIP vise à lever les restrictions sur le commerce entre les États-Unis et l’Union européenne (UE). Ce vaste accord permettrait d’harmoniser la réglementation commerciale entre les pays de l’UE et les États-Unis pour simplifier les échanges de marchandises d’un bord à l’autre de l’Atlantique. Il fait toutefois l’objet d’une opposition féroce. En Europe, des militants affirment que des produits tels que le poulet américain lavé au chlore se retrouveraient sur les marchés de l’UE.

Les nations émergentes tenues à l’écart des négociations de libre-échange
En demandant les documents du TTIP, WikiLeaks explique qu’il existe une volonté d’écarter les nations BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) du TTIP, ainsi que de l’Accord de partenariat transpacifique (TPP) et de l’Accord sur le commerce des services (TISA) – deux traités secrets dont le contenu avait été partiellement divulgué à la suite d’une offre de récompense de WikiLeaks.

D’après un éditorial du site de nouvelles néozélandais Stuff.co.nz, il serait difficile de nier que ces économies ont été exclues des trois accords commerciaux. Dans son article d’opinion, Terence O’Brien explique que les nations BRICS sont « de plus en plus impatientes » à cause de la lenteur des négociations. Vu les efforts déployés pour garder le secret sur les détails, on n’en sait que très peu sur l’avancement des discussions.

« Le secret entourant le TTIP constitue une menace pour l’avenir de la démocratie européenne. Certains intérêts en profitent sans limites, un peu comme ce qu’on a pu observer lors du siège financier contre le peuple grec, a déclaré le fondateur de WikiLeaks Julian Assange selon le site. Le TTIP a un impact sur les vies de tous les Européens et entraîne l’Europe dans un conflit de long terme avec l’Asie. Il est temps de mettre fin au secret. »

Certains points de friction tels que le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE), qui permet aux entreprises de régler leurs différends avec les gouvernements, continuent de grever le processus de négociations. Alors que les États-Unis et l’UE s’efforcent de trouver un équilibre entre la souveraineté et le libre-échange, la vive opposition à cet accord pourrait bientôt lever le voile sur les discussions qui se sont déroulées jusqu’ici, dans l’ensemble, sous le couvert du secret. Du moins, si la récompense offerte par WikiLeaks suffit à appâter un éventuel dénonciateur.